Alors que la Commission de révision permanente des programmes vient de déposer ses recommandations, le Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MÉPACQ) exprime son désaccord avec l’ensemble de cette démarche, y compris ses recommandations, son orientation globale, et le fonctionnement de cette commission, qui s’est tenue largement derrière porte closes. Il en va de même pour la Commission d’examen sur la fiscalité québécoise et pour les forums citoyens organisés conjointement avec l’Institut du Nouveau Monde, qui ont participé à entretenir l’idée qu’il n’existe pas d’alternatives aux mesures d’austérité.
Suivant une logique de validation des orientations gouvernementales, la population a été invitée à s’exprimer d’un côté sur les moyens de réformer la fiscalité, et de l’autre, sur les coupures et compressions à exercer dans les programmes sociaux et les services publics. Il nous apparait évident que ces démarches s’apparentent davantage à une campagne de relations publiques qu’à un véritable exercice démocratique de consultation citoyenne, notamment en raison de l’objectif même des consultations : trouver où couper! Demander à la population dans quels domaines elle recommande au gouvernement de procéder à des coupures, c’est déjà lui faire accepter la nécessité de procéder à des coupures. Le MÉPACQ ne peut également passer sous silence le fait que la consultation en ligne mise en place par la Commission de révision permanente des programmes fût un terreau fertile pour les préjugés, notamment à l’égard des prestataires d’aide sociale. C’est pourtant une toute autre avenue que le MÉPACQ et de nombreux groupes sociaux souhaitent voir adopter par le gouvernement. De nombreuses solutions existent afin de renflouer les coffres de l’État, pour ainsi financer adéquatement les services publics : réintroduire la taxe sur le capital des banques, taxer davantage les grandes compagnies, revoir le taux d’imposition des très riches tout en baissant les impôts des moins bien nantis, entre autres mesures progressives.
Nous déplorons d’autre part que les formules retenues pour les consultations ne favorisent pas la participation de l’ensemble des citoyennes et citoyens. Établir un dialogue social uniquement par l’entremise d’un site Web (ce que la Commission sur la révision des programmes mettait en oeuvre), c’est oublier qu’une partie de la population n’a pas accès à cette technologie et l’exclure de la consultation. Quant aux Forums citoyens sur la fiscalité québécoise, animés par l’Institut du Nouveau monde, leur efficacité est amplement discutable notamment en raison du peu de villes visitées et des heures des rencontres. Difficile pour une mère monoparentale ou pour un travailleur à horaire atypique de prendre part à une rencontre tenue en soirée, d’autant plus si aucune n’est prévue dans sa propre ville. Les autres consultations destinées à compléter la démarche des commissions ne se sont d’ailleurs déroulées que sur invitation, écartant ainsi un large pan des groupes qui pourraient être concernés.
Le MÉPACQ se demande également comment ne pas croire que les dés sont pipés d’avance alors que le gouvernement n’a même pas attendu les recommandations des commissions qu’il a lui-même mises sur pied pour le conseiller, avant de faire des annonces de coupures et de compressions. Et, si le gouvernement a déjà rejeté plusieurs recommandations draconiennes de la Commissions sur les programmes, c’est sans doute pour rendre plus acceptable les compressions et les hausses de tarifs qu’ils avaient déjà décidé de mettre en œuvre. C’est comme si on menaçait à une personne de leur enlever un bras, pour ensuite faire semblant de changer d’idée en lui disant qu’on va lui enlever quelques doigts – un déplorable exercice de relations publiques.
Le MÉPACQ rappelle aussi que ses membres sont mobilisés pour mettre de l’avant des alternatives fiscales progressistes – celles mises de l’avant par la Coalition opposée à la tarification et la privatisation des services publics – qui permettraient à l’État de récolter 10 milliards de dollars par année plutôt que de sabrer dans les services publics et les programmes sociaux. Dans les deux dernier mois, notre mouvement a organisé de nombreuses manifestations en marge des consultations publiques à Lévis, à Sherbrooke, à Gatineau, à Rouyn-Noranda, à Saguenay, à Montréal, et à Québec.
Le MÉPACQ représente plus de 300 groupes pratiquant l’éducation populaire autonome partout au Québec. Notre travail favorise la prise de conscience par les citoyennes et citoyens sur leurs propres conditions de vie, le tout dans le but de transformer la société de manière à faire émerger la solidarité et la justice sociale.
Pour informations : Joël Pedneault, coordonnateur aux luttes sociales, 514-843-3236 (bur.) ou 514-441-9113 (cell.).
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