Communiqué
Compteurs d’eau résidentiels et exportation de l’eau? Inefficace et inéquitable.
Montréal, le 28 octobre 2010 – La Coalition québécoise pour une gestion responsable de l’eau – Eau Secours! souhaite faire part de ses réactions sur le sondage paru dans le journal Le Devoir du 26 octobre 2010, sur la gestion de l’eau.
Compteurs d’eau résidentiels? Jamais!
En ce qui concerne la tarification de l’eau, il a été démontré que la simple installation de compteurs d’eau n’a pas d’impact significatif sur le volume de consommation dans les résidences. Plusieurs villes, dont Rivière-du-Loup et Montréal, ont estimé que le coût d’achat, de pose et d’entretien des compteurs est plus grand que les bénéfices générés par la baisse de la consommation d’eau. De plus, ce principe n’est pas équitable, car il ne permet pas à tous et toutes d’avoir un accès adéquat à l’eau potable indépendamment de leurs revenus. En effet, il est clair que, parce que leurs revenus sont faibles et que le prix de l’eau est le même pour tous, un tarif au volume mène les plus pauvres à dédier une part plus importante de leur budget à l’eau. De leur côté, les mieux nantis consomment généralement plus d’eau et ce service représente une faible portion de leur budget. Les mieux nantis ne diminueront pas leur consommation et ce sera les plus défavorisés qui devront limiter leur accès à l’eau. Les études confirment que la tarification au volume a un impact négatif sur les ménages les plus pauvres. Dans certains cas, ceux-ci réduisent leur consommation en-deçà des seuils souhaitables du point de vue de la santé publique. La tarification par compteur appauvrirait davantage les personnes déjà peu fortunées.
De plus, la consommation résidentielle ne dépend pas du comportement de l’utilisateur, mais plutôt du type d’équipement qu’il utilise et du nombre d’utilisateurs. Il devrait donc y avoir, par exemple, une réglementation pour obliger l’utilisation de réservoirs de toilettes de 6 litres ou moins lors du remplacement d’anciens réservoirs de 14 litres ou plus. La sensibilisation et la réglementation encourageant une utilisation plus judicieuse de l’eau permettrait d’obtenir un impact durable sur les comportements.
Pour Eau Secours !, la taxe foncière est un moyen équitable et efficace d’assumer collectivement les coûts du traitement et de la distribution de l’eau (filtration/potabilisation, aqueduc, égouts, assainissement des eaux usées) et d’en préserver la gestion publique, car installer des compteurs d’eau résidentiels, c’est surtout dérouler le tapis rouge à la privatisation.
Compteurs d’eau industriels? Certainement!
La Coalition est cependant favorable à l’installation de compteurs pour les grands utilisateurs industriels et commerciaux, qui occasionnerait un juste retour aux coffres des municipalités lequel compenserait les dépenses du service de l’eau, car il s’avère que la tarification aux grands consommateurs influence très nettement leur consommation.
Il est également essentiel de régler le problème des fuites d’eau occasionnées par un mauvais entretien des réseaux d’aqueduc, qui peuvent être responsables de 20% à 50% de la production d’eau potable d’une municipalité. Pour évaluer l’état du réseau de distribution, il serait pertinent d’installer des compteurs d’eau par quartier ou par grande artère afin de détecter l’origine des fuites.
Exportation de l’eau? Jamais!
En ce qui concerne la question de l’exportation de l’eau, il est essentiel de protéger la ressource, et que l’exportation en vrac de l’eau à des fins commerciales demeure interdite. On croit, à tort, que nos ressources en eaux sont inépuisables. Or, ce n’est pas le cas.
En d’autres termes, même s’il y a beaucoup d’eau au Canada, la plus grande partie ne se trouve pas dans les zones les plus peuplées, où nous en aurions besoin. Et là où elle abonde dans les zones peuplées, elle devient rapidement polluée et inutilisable.
Une autre raison motive également la Coalition : de telles exportations nécessiteraient qu’on détourne des rivières pour faire passer l’eau d’un bassin à un autre, ce qui aurait de terribles conséquences sur l’environnement et la société, surtout dans le Nord, où l’écologie est fragile et où les cultures autochtones seraient durement touchées.
Néanmoins, si on ne prend aucune mesure pour les interdire, les projets d’exportation d’eau continueront de détourner l’attention de la nécessité réelle qu’il y a à conserver nos ressources hydriques et à les gérer de façon efficace.
L’eau, une préoccupation? Toujours!
La Coalition Eau Secours! est heureuse que la protection de l’eau fasse partie des préoccupations des québécoises et des québécois. Elle souhaite cependant les inciter à protéger cette richesse de la meilleure façon possible, que ce soit en évitant le gaspillage ou en la préservant de toute exploitation commerciale.
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Mots-clefs : eau, environnement
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