(Montréal, le 21 mars 2017) – Le Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire autonome du Québec (MÉPACQ) joint sa voix à celles de nombreuses autres organisations afin de dénoncer les actes de violence dont sont actuellement victimes les musulmans et musulmanes du Québec. L’attentat survenu au Centre culturel islamique de Québec, le 29 janvier dernier, de même que les appels à la bombe à l’université Concordia, le premier mars, n’en sont que les expressions les plus spectaculaires, et donc les plus médiatisées.
Au-delà de l’horreur de ces attaques, le MÉPACQ souhaite dénoncer la complaisance et le déni dont font preuve plusieurs médias et une certaine classe politique. Refuser d’admettre et de prendre acte du climat de tensions qui sévit depuis longtemps envers les musulmans et les musulmanes du Québec est une forme d’aveuglement. Des actes de vandalisme envers des mosquées se multiplient pourtant aux quatre coins de la province (du vandalisme, du sang, une tête de porc et puis quoi encore?). Mais on se complaît, par exemple, à expliquer les gestes de l’auteur présumé de l’attentat de Québec par un déséquilibre mental et des embûches de vie. Certaines et certains vont même jusqu’à proposer l’exposition médiatique répétée aux attentats dits djihadistes pour expliquer cette tuerie de masse. La consternation et l’incompréhension maintes fois exprimées témoignent en outre d’une ignorance vis-à-vis du rejet, de la violence et de l’insécurité dans lesquelles sont maintenues les personnes de confession musulmane, voire d’origine arabe (l’amalgame entre les deux étant bien trop courant).
Des actes prévisibles
Ces évènements étaient prévisibles. Une « culture du racisme » imprègne la société québécoise, pour reprendre l’expression forte employée par Asmaa Ibnouzahir, lors d’une des grandes vigiles de solidarité tenues au lendemain de l’attentat. Les représentations stéréotypées que véhiculent les grands médias et les « débats » publics portant sur la « protection d’une identité québécoise » entretiennent l’idée d’une menace. Cette menace viendrait de celui ou celle que l’on nomme l’étranger ou l’étrangère. C’est ainsi qu’on nourrit quotidiennement la haine et qu’on exploite la peur et l’ignorance. Comment alors prétendre que les nombreuses expressions de racisme ordinaire, par lesquelles on perçoit l’étranger ou l’étrangère comme un être dangereux, voire inférieur, ne mèneraient pas à l’augmentation du nombre d’actes haineux que le Québec connaît?
Il faut combattre le racisme. C’est impératif. Il faut mener une lutte acharnée contre lui. Les démonstrations de compassion et de solidarité comptent, mais ne suffisent pas. Il faut aussi dénoncer systématiquement cette idéologie, agir et mener des campagnes d’éducation populaire.
Le communautaire comme moteur de lutte au racisme
À cet effet, le MÉPACQ croit que le mouvement communautaire québécois doit être un pilier de la lutte au racisme. Parce qu’il partage des valeurs d’égalité, de justice et de transformation sociale, le mouvement communautaire, dont les racines plongent dans toutes les communautés du Québec, doit irriguer la société québécoise de ces valeurs qui lui sont chères et freiner la propagation du racisme. Dans cette perspective, le MÉPACQ prépare des outils d’éducation populaire autonome portant sur la question du racisme. Nous invitons les autres organismes à en faire de même.
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