
Montréal, le 21 novembre 2017 – Au printemps 2017, la campagne Engagez-vous pour le communautaire annonçait la tenue d’une vaste consultation sur l’utilisation de la grève comme moyen de pression. Celle-ci a finalement débuté le 19 octobre dernier. Selon le Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MÉPACQ), seul un large mouvement de grève pourra mener les organismes communautaires autonomes québécois à faire des gains face au gouvernement de Philippe Couillard.
Pourquoi intensifier les moyens de pression ?
Dans son dernier budget, le gouvernement libéral n’a pas répondu aux demandes financières des organismes communautaires. À peine 4% du manque à gagner a été comblé : 10 millions $ pour les organismes en santé et services sociaux, 9 millions $ pour les organismes en éducation, 20 millions $ non récurrents pour les organismes communautaires famille et rien pour la défense collective des droits, l’immigration, l’environnement, la solidarité internationale ou les médias communautaires. Nous sommes très loin des 475 millions $ revendiqués pour l’ensemble des secteurs.
En sous finançant les organismes communautaires, le gouvernement nuit à la réalisation de leur mission et brime leur autonomie. Ce faisant, il nie la contribution de ceux-ci à la société québécoise et contrevient à sa propre politique de reconnaissance de l’action communautaire, qui souligne que le financement à la mission doit être prépondérant pour assurer l’autonomie des groupes.
De plus, les compressions budgétaires dans les services publics et les programmes sociaux des dernières années ont fait croître les besoins de la population, qui se tourne vers les organismes communautaires déjà sous financés. Selon un sondage mené pour le compte du Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA), une personne sur quatre fréquentera un organisme communautaire au courant de sa vie. Il est temps de faire comprendre au gouvernement que le rôle des groupes n’est pas d’être des sous-traitants de l’État, mais plutôt de réaliser la mission pour laquelle ils ont été créés.
Les prochaines élections provinciales auront lieu à l’automne 2018. Le prochain budget du gouvernement sera donc son dernier avant le déclenchement de la campagne électorale, ce qui signifie qu’il y aura une plus grande écoute de sa part. En effet, ce sera l’occasion pour lui de faire oublier ses politiques d’austérité et de tenter de plaire à l’électorat québécois.
Après avoir mis fin au déficit de l’État à l’aide de mesures drastiques ayant considérablement réduit le filet social québécois, le gouvernement dégage maintenant d’importants surplus budgétaires. L’année dernière, l’excédant s’est élevé à 4,5 milliards $, ce qui représente plus de huit fois le montant revendiqué par la campagne Engagez-vous pour le communautaire. Ces sommes seront sans doute réparties dans le prochain budget en fonction des pressions populaires qui seront exercées dans les prochains mois. Le communautaire devra se faire entendre s’il souhaite bénéficier d’un rehaussement de son financement.
Quelles suites pour la mobilisation?
Depuis plusieurs années, le milieu communautaire lutte par le biais de diverses campagnes sectorielles pour une plus grande reconnaissance, un meilleur financement et le respect de son autonomie. En 2016, une campagne unitaire rassemblant tous les secteurs de l’action communautaire autonome a été mise sur pied pour porter ces revendications et demander la fin des compressions dans les services publics et les programmes sociaux. Bien que cette campagne soit encore jeune, elle a démontré sa force et sa grande capacité de mobilisation. Rappelons que le 27 septembre dernier, nous étions 5000 personnes pour former une chaîne humaine autour du parlement à Québec.
Malheureusement, le gouvernement de Philippe Couillard continue de faire la sourde oreille aux revendications du milieu communautaire. Dans ce contexte, quelle avenue reste-t-il aux organismes pour se faire entendre? Pour le MÉPACQ, il est temps de bâtir une véritable stratégie d’intensification des moyens de pression.
Qu’est-ce qu’une grève du communautaire?
Une grève du milieu communautaire, ce n’est pas une grève contre notre employeur. C’est un arrêt des activités régulières et des services avec l’accord de nos membres et de notre conseil d’administration pour se consacrer entièrement à l’organisation d’actions collectives et à la mobilisation afin de faire valoir nos revendications.
La grève du communautaire s’inscrit dans une escalade des moyens de pression dans le but de bâtir notre rapport de force face au gouvernement. Elle représente un symbole fort marquant une rupture, un bris de confiance entre le communautaire et le pouvoir en place. Elle signifie notre refus de poursuivre nos activités et services dans des conditions d’appauvrissement général de la population et de nos organismes.
Une grève qui s’allonge dans le temps permet de maintenir et même d’augmenter notre rapport de force à mesure que le temps passe. Cela permet aussi à des groupes qui ne l’auraient pas encore fait de rejoindre le mouvement en cours de route et de contribuer à faire monter la pression sur le gouvernement.
Le mouvement d’action communautaire autonome, c’est 58 000 travailleurs et travailleuses en plus des 424 000 bénévoles/militants et militantes, ce qui est davantage que le nombre d’étudiants et étudiantes qui fréquentent les cégeps et universités du Québec. Nous avons la force du nombre et nous devons nous serrer les coudes pour établir un véritable rapport de force. Le gouvernement doit comprendre que nous n’acceptons plus de faire plus avec moins et que la mission des organismes communautaires n’est pas de pallier le désengagement de l’État!
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Le Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MÉPACQ) est un mouvement national et multisectoriel qui travaille à la transformation sociale dans une perspective de justice sociale. Il regroupe 11 Tables régionales en éducation populaire autonome (ÉPA) qui regroupent 333 groupes populaires et communautaires autonomes.